Le Mgr Ouellet de Christian Rioux

3 mars 2013

Le Mgr Ouellet de Christian Rioux

Jean-Marc Piotte

Christian Rioux, correspondant du journal Le Devoir à Paris, est également un chroniqueur qui défend son profond conservatisme dans l’espace que lui offre ce quotidien. Ainsi, dans son papier du 1er mars dernier, il affirme que Mgr Marc Ouellet offre heureusement au « conclave l’occasion d’élire un pape qui ne serait pas européen ».

L’opposition de Ouellet à l’avortement serait « banale » comme, sans doute, son rejet du condom, de la pilule anticonceptionnelle, des actes homosexuels, de l’égalité homme/femme, du divorce, etc. Son constat de la « crise de la famille » et celle de « l’éducation » ne serait « pas très loin de la vérité », affirme Rioux qui ne se pose jamais cette question si simple : d’où viennent l’éclatement de la famille traditionnelle et les problèmes actuels de l’école ? Car, pour lui, la famille et l’école d’hier, celles d’avant 1960, étaient nécessairement meilleures que celles d’aujourd’hui.

Mgr Ouellet aurait vu juste en déclarant que le Québec était en « quête de sens », vivait une grave « crise de valeurs » et était tombé dans un « vide spirituel » engendré par sa rupture avec son passé catholique. Pourquoi le Québec moderne a-t-il rompu avec une Église masculiniste, homophobe, autoritaire, sexuellement répressive et en possession tranquille de la Vérité ? Monsieur Rioux ne se pose pas cette question.

La famille moderne a pris plusieurs formes et plus personne, surtout parmi les femmes et les enfants, n’est condamné à vivre dans une famille qui se perpétue dans la violence et la souffrance. Tant mieux si les institutions n’ont plus la rigidité d’antan qui reposait sur l’assujettissement de chacun aux diverses autorités auxquelles il fallait obéir aveuglément parce qu’elles étaient en autorité.

Évidemment, le monde d’hier assurait un grand sentiment de sécurité. Sauf les quelques mécréants, chacun, grâce à l’Église une, catholique et apostolique, croyait à Dieu et à sa transcendance, savait le sens de sa vie et comment se comporter pour atteindre le Ciel et éviter l’enfer.

Sören Kierkegaard (1813-1855) explique que la liberté c’est l’angoisse. Jean-Paul Sartre (1905-1980) le complète en affirmant qu’il n’y a pas de sens transcendant à la vie de l’individu : chacun se donne un sens par ses projets. La liberté de penser se vit donc dans l’immanence d’une vie nécessairement paradoxale et limitée.

Vous avez aimé cet article?
À bâbord! vit grâce au soutien de ses lectrices et lecteurs.
Partager sur