Fonction publique menacée ! - Le néolibéralisme à l’assaut des services publics, 1981-2011

No 46 - oct. / nov. 2012

Serge Roy

Fonction publique menacée ! - Le néolibéralisme à l’assaut des services publics, 1981-2011

Yvan Perrier

Fonction publique menacée ! Le néolibéralisme à l’assaut des services publics, 1981-2011, Serge Roy, Montréal, M Éditeur, 2012, 206 p.

Courage. Tel est le premier mot qui m’est venu en tête au fur et à mesure que je progressais dans la lecture de ce livre écrit par une personne qui a « travaillé pendant trente-cinq ans dans la fonction publique québécoise  » et qui a été « président du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) de 1996 à 2001. » Car, qui aurait accepté de se lancer seul dans cette entreprise de dresser un long et patient inventaire de plusieurs de ces mesures régressives qui ont été imposées aux services publics par les gouvernements péquistes et libéraux qui se sont succédé à Québec de 1981 à 2011 ? Reconnaissons-le, les personnes ayant osé une telle entreprise en solo ne sont pas légion.

D’entrée de jeu, Roy mentionne qu’au début de sa carrière comme fonctionnaire (au début des années soixante-dix), les grandes centrales syndicales québécoises venaient tout juste de publier divers manifestes dans lesquels « l’État était accusé […] de favoriser indûment la classe des riches au détriment des classes populaires et travailleuses.  » Du côté du patronat, la lecture de la place de l’État dans la société, on s’en doute, était un tantinet différente. Les gens d’affaires dénonçaient son présumé caractère «  trop interventionniste  ». L’histoire connue nous donne quelques précisions sur la vision qui l’a emportée jusqu’à maintenant.

Dans l’introduction, notre auteur avoue son parti pris. À ce sujet il écrit : «  Aujourd’hui je ressens le besoin de défendre les services rendus à la population par ce réseau gouvernemental et de plaider pour les fonctionnaires qui dans leur très grande majorité, font un travail consciencieux et efficace.  » Pour éviter toute ambiguïté, précisons qu’il n’est « pas question, pour Roy, de défendre l’État tel que nous le connaissons, mais plutôt de voir comment résister à l’orientation néolibérale et quelles sont les options à notre disposition pour renforcer la fonction publique.  » À ce sujet, il propose de « révolutionner la fonction publique plutôt que la « réformer », comme l’ont pensé les gouvernements ».

Cet ouvrage nous permet de prendre conscience de l’ampleur des dégâts qui découlent de quasiment trente années de mesures d’austérité, de coupures budgétaires, de compressions des effectifs dans le secteur public, de privatisation de certains services publics, de désengagement de l’État face à ses responsabilités, de déréglementation, de décentralisation, de nouvelle stratégie de gestion, de réduction des impôts des particuliers privilégiés et des entreprises et caetera. Le bilan est certes douloureux à lire, mais il ne correspond pas à une longue et plate énumération assimilable au supplice de la goutte d’eau. Il s’agit plutôt d’un portrait de la situation dressé par une personne qui milite toujours pour davantage de justice sociale au Québec.

Pour lire ce livre, qui vous fera fulminer et maugréer tant les virages anti-sociaux ont été nombreux ces dernières années, une bonne dose de courage est de mise. Ce livre ne se lit pas par beau temps, les jours gris sont plus indiqués.

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