La pauvreté. Quatre modèles sociaux en perspectives

No 42 - déc. 2011 / jan. 2012

S. Lefèvre, G. Boismenu et P. Dufour

La pauvreté. Quatre modèles sociaux en perspectives

Jean-Marc Piotte

S. Lefèvre, G. Boismenu et P. Dufour, La pauvreté. Quatre modèles sociaux en perspectives, Montréal, PUM, 2011, 209p.

Les auteurs comparent quatre modèles de gestion de la pauvreté et de l’inégalité : le Danemark, la Grande-Bretagne, la France et le Québec.

Le premier est le pays de l’Union européenne ayant le taux d’emploi le plus élevé et, également, le taux de pauvreté et le niveau d’inégalité de revenus le plus bas. Cette économie « sociale » du marché combine une grande mobilité ou flexibilité de la main-d’œuvre, une prise en charge par l’État de l’insécurité créée par cette flexibilité et le partenariat de l’État, des syndicats et des acteurs patronaux dans la gestion du marché du travail. La Grande-Bretagne, partisane d’une économie « libérale » du marché, a un taux d’emploi élevé, un fort taux persistant de pauvreté et le maintien ou le développement de l’inégalité de revenus grâce à un marché déréglementé, à la responsabilisation individuelle de la situation économique de chacun et à la marginalisation des syndicats.

La France et le Québec s’inspirent de façon différente de ces deux modèles, en combinant des éléments de l’un avec ceux de l’autre. La première a un taux de chômage élevé et souvent de longue durée, une pauvreté moins importante que dans la plupart des pays européens et une inégalité de revenus qui la situe entre le Danemark et la Grande-Bretagne. Elle dualise le marché du travail entre les travailleurs protégés et ceux précarisés, tout en soutenant une gestion sociale républicaine voulant faire de tous les Français des citoyens à part entière. Le Québec, dont la gestion du marché du travail dépend d’Ottawa qui contrôle l’assurance-chômage (nommée assurance-emploi), a un taux de chômage semblable à celui du Canada, un taux de pauvreté de 10 % et demeure une société fortement inégalitaire, même si un partenariat entre les différents acteurs sociaux, dont les organismes communautaires, a permis l’engagement d’une lutte contre la pauvreté.
Ce résumé ne peut rendre la complexité de l’analyse minutieuse de cet ouvrage qui pourra intéresser ceux familiers avec le « jargon » propre aux sciences sociales. Pour les autres, la lecture des pages 190 à 197 leur permettra de saisir la logique de chaque modèle et les quatre conclusions qu’en tirent Lefèvre, Boismenu et Dufour.

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