Dossier : Les classes dominantes au

Think tanks... usine à idéologie ?

Ève-Lyne Couturier

Les classes dominantes ne maintiennent pas leur position simplement par inertie. Il suffit d’ouvrir le journal, la télévision ou la radio, pour constater l’omniprésence des arguments justifiant l’ordre social tel qu’il est maintenant. À force de les entendre répétés par les médias, les commentateurs et les responsables institutionnels tant publics que privés, on finit par les intégrer. Pourtant, ce ne sont pas les élites elles-mêmes qui diffusent le message. Il est plutôt véhiculé par différents think tanks, véritables incubateurs d’idéologie.

Bien que la droite libérale, à la défense du capitalisme et de l’entreprise privée, soit toujours le courant qui domine dans les médias, de plus en plus de commentateurs vont encore plus loin. On cherche ainsi à restructurer l’ensemble des relations humaines et sociales dans une optique libérale. Différente de la droite morale, souvent associée au conservatisme religieux, il s’agit plutôt d’une droite libertarienne pour laquelle tout s’évalue à l’aune du marché, pour qui la valeur suprême est la liberté individuelle des agents économiques. On peut voir dans ce courant tant le Tea Party états-unien, le Parti conservateur fédéral que le Réseau Liberté Québec. Dans les trois cas, on nous propose une société sublimée au profit de l’individu isolé, responsable de sa condition et de ses choix. La rationalité du marché peut ensuite être utilisée avec profit dans toutes les sphères d’analyse. Exemplifiant ceci, l’Institut économique de Montréal (IEDM) a publié en février 2008 une note sur le «  marché des relations amoureuses  » qui se concluait ainsi  : «  La rationalité économique est fondamentalement humaine. Elle ne peut être dissociée de l’être humain parce qu’elle est au cœur de celui-ci [1]. »


[1Mathieu Laberge, Existe-t-il un marché des relations amoureuses ?, Notes économiques, IEDM, février 2008, p. 4.

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